Atribuer la perception à toutes les monades, et pas seulement aux esprits, devait faire aussitôt problème et orienter par la suite l'histoire du leibnizianisme. Le problème se trouvait posé, en premier lieu, par certaines ambiguïtés de Leibniz, quand il fonde les phénomènes psychologiques sur la géométrie projective de l'expressio, transpose les formes d'Aristote dans le contexte d'un siècle cartésianisé, se sert de l'analogie pour conclure; en second lieu, par la difficulté intrinsèque de la question; en troisième lieu, animer toutes les monades ne revenait-il pas à accorder que la matière peut penser? ou bien, ne s'exposaiton pas à verser dans le spinozisme? Il était donc prudent de réserver la perception aux seuls esprits. Wolff trahissait ainsi la monadologie. Mais à peine croyait-on avoir sauvé la distinction des deux substances en réduisant les simples monades aux Atomi Naturae de la Monadologia physica, qu'à partir de la métaphore des points animés on allait faire de l'esprit une production de la nature, avec le matérialisme, ou de la nature une production de l'esprit, avec la Naturphilosophie. On essaiera plus loin de donner une idée de cette histoire du leibnizianisme.